Il est toujours difficile de coucher sur écran ou papier les sentiments.
Et pourtant il le faut.
C'est le jeu que j'ai accepté de jouer en créant ce blog. Or si je ne veux pas le limiter à des critiques cinéphagiques hebdomadaires, il faut que je me fasse violence.
Après une plongée d'une semaine à Marseille, je vais ainsi tenter d'exorciser mes impressions.
Je connaissais Marseille. Quelques virées depuis Avignon, pour visiter Notre-Dame-de-la-Garde, le Palais Longchamp, le Vieux-Port, le Fort Saint-Jean...
Mais cette fois, les circonstances m'ont envoyés dans les arrondissements moins célèbres. La Friche Belle de Mai, l'Auberge du Bois Luzy, les anciens abattoirs... Loin d'avoir arpenté toutes les ruelles de la ville, j'ai toutefois accru ma connaissance des pavés phocéens.
Je n'aimais pas Marseille, désormais elle me perturbe. Parisien depuis 2 ans, je ne comprends pas Marseille. Ces 8 jours au bord de la Méditerranée m'ont convaincu d'une chose : Marseille est l'antithèse absolue de Paris. Pas seulement par une opposition sportive éternelle, mais dans leurs conception et vie urbaines.
On ne peut dissocier Paris d'Haussman. Toute la capitale est construite autour de ses boulevards larges et ses rues droites. Malgré l'absorption de Charonne, de Passy et des Batignoles, l'industrialisation d'Austerlitz, ou l'urbanisation du 20ème, Paris est un tout, où les quartiers sont dissemblables mais connexes.
Marseille est un conglomérat de villages. 111 quartiers composent la capitale provencale alors que Paris n'en compte que 80. Les rues sont escarpées, étroites, tordues. On peut tomber à tout coin de rue sur une friche industrielle à l'abandon, ou un terrain vague entre tours HLM et herbes folles.
Ce qui choque un urbain comme moi, c'est la non-densité. La moitié du territoire marseillais n'est pas constructible. Les arrondissements marseillais s'apparentent plus aux périphéries de villes moyennes de province, façonnées par les zones commerciales, les lotissements de l'OPAC et les terrains bitumés en jachère, qu'à la métropole du sud qu'elle est. On s'interroge sur l'existence du million de marseillais tant les habitations semblent plus dispersées qu'à Lyon.
Marseille est une ville cosmopolite, qui, malgré tout a une identité forte. Peu de Parisiens se revendiquent comme tels. Ils sont auvergnats, percherons, berrichons, sénégalais, américains... Le plus souvent ils sont de passage, pour une ou vingt années. Au contraire, les Marseillais le sont avant d'être provencaux, pieds-noirs ou marocains. Un creuset populaire, qui créé une identité forte difficilement apprehéndable par un horsain.
De plus, alors qu'aujourd'hui même Montreuil s'embourgeoise, Marseille est resté populaire. Les classes supérieures, au grand dam des notables d'ailleurs, n'ont jamais su occupé les quartiers historiques, excepté autour de l'Hôtel de ville, grâce à un bombardement miraculeux en 1943, qui selon la rumeur n'aurait été ni aérien, ni accidentel, ni allemand...
Prendre le bus marseillais est la règle, les 2 lignes de métro l'exception quand le bus parisien est l'alternative au transport sousterrain. Les Marseillais engueulent les touristes qui préfèrent regarder une carte que de demander leur chemin. "On n'est pas des sauvages !", mais ça peut faire peur.
Marseille n'est probablement pas une ville à visiter. L'intérêt touristique est aux alentours, en Camargue, sur la Riviera, dans l'arrière-pays. Paris concentre les monuments historiques et les musées, et l'Ile de France peine à exister à ses côtés. Marseille au contraire est une ville à vivre, voire à naître, si l'on veut la cerner.
De ces différences engendrent un sentiment de dépaysement, de décalage, d'incompréhension. Paris / Marseille, Capitale / province, Nord / Sud, bourgeois / populaire, le fleuve / la mer, le pouvoir / le commerce, passage / escale, les arts / la vie... Une multitude d'oppositions qui fait de Paris et Marseille a mon goût les 2 villes de France les plus antinomiques.
Commentaires
mar., 18.10.2005 19:53
Linux dans l?administration : source d?efficacité
mar., 11.10.2005 21:36
La semaine prochaine je compat irais avec ta douleur Florent ... En attendant, bon courage à toi !
jeu., 06.10.2005 22:28
en voilà un billet de qualité Florent ! (comme la plupart de s billets de ce blog d'ailleur s) Je me suis vraiment f [...]
ven., 09.09.2005 19:38
Il faut donc bien un bac+5 (sa ns compter les anecdotiques a bonnement à Internet Haut Débi t, abonnement à un télép [...]
ven., 01.07.2005 17:12
Je ne connais pas ton controle ur, mais un déficit est un déc ifit. Il est relatif par rappr ot aux dettes étatiques, [...]
ven., 01.07.2005 10:58
Tout ça me fait bien penser à la solution qu'a trouvé Jean-C hristophe Ruffin dans "Globali a" : un revenu pour tous [...]
dim., 12.06.2005 18:31
Sur une idée originale de Flor ent, nous nous sommes fixés le challenge de repasser notre b ac de philo. Nous voici [...]
sam., 28.05.2005 23:05
Je prends ma plume pour vous é crire un mail relatif à l'éché ance du 29 mai. Je crois qu'on se pose tous beaucoup d [...]
jeu., 19.05.2005 00:32
Tout a fait d'accord avec toi sur le dernier film Flo. J'ai trouvé ça...plat, et la fin ét ait vraiment NAZE. le [...]
dim., 15.05.2005 22:45
photos du séjour sur http://fl orent.lajous.free.fr/Marseille
jeu., 28.04.2005 22:01
Ben la vraie vie passe avant t out, et je sais pas depuis com bien de temps ce blog existe, mais c'est normal qu'il [...]
sam., 16.04.2005 19:55
J'ai des passe-temps emcombran ts ces temps-ci Mais j'ess aye de remédier à cette absenc e, promis.
sam., 16.04.2005 15:26
moi j'ai l'impression que la f réquence des posts sur ce blog est de plus en plus étalée... mais que se passe-t-il [...]
lun., 04.04.2005 19:05
"Pourquoi l'arbitre de boxe po rte-t-il un noeud papillon ? « Parce que c'est l'élégant de b oxe.» Heu, au fait, ça f [...]
mer., 30.03.2005 10:38
Le pire est peut-être qu'ils n 'ont pas passé la caméra à un stagiaire cadreur mais à un ca dreur confirmé pour conf [...]