Je quitte Paris. Ville lumière qui m’a attiré comme un Papillon. À la manière des lumières du phare d’Alexandrie.
J’arrive à Cherbourg. Terre de répis. Terre de replis. Presqu’île qui sera toujours la mienne.
Ces 3h30 me paraissent séparer plus que 371 km.
Plus que le début d’une nouvelle vie, c’est surtout la matérialisation de la fin de l’ancienne. Comme dans les films, le train qui passe symbolise le temps, l’entrée dans une nouvelle ère. Comme dans
Tout sur ma mère, où ce tunnel ferroviaire fait le pont entre le présent et le passé.
Il y a déjà 3 semaines que j’ai quitté Paris pour Amiens par nécessité laborieuse, toutefois le divorce n’avait pas été prononcé. Comme le mari éconduit, j’espère sans trop y croire retrouver à terme ma maîtresse de pierre et d’asphalte.
Depuis un an je n’étais plus étudiant, et pourtant, n’étant pas pour autant chômeur, je me sentais encore plus proche du ministère de l’Education Nationale que de celui de la Cohésion sociale.
Cette vie estudiantine parisienne fut surtout celle de la révélation d’un vice, la cuniphilie. L’étude, l’élevage, la collection, l’adoration des LAPINS (entendez Lieux d’accès public a Internet et au Numérique). Et c’est cette vie de cunilogue qui me tenait il y a encore 24 h dans cette ancienne vie, malgré le début officiel de la nouvelle. Une bigamie due à un colloque organisé avec l’asso de mon ex-DESS, sur la libéralisation des LAPINS, à la Mairie de cet arrondissement qui était le mien. Pendant 3 semaines, j’ai vécu au rythme de la préparation de cette journée, plus qu’au tempo de mon emménagement. La perspective de la journée parisienne de cuniculteur me raccrochait encore, inconsciemment, à ma vie à Paname. Avec la clôture de ces débats, et ma décision de prendre après le gros travail fourni, un peu de recul vis-à-vis de l’asso, en étant présent mais moins actif (ce qui, désespérément, au regard de mes expériences associatives semblent être la définition pour beaucoup de l’engagement associatif), les derniers liens avec mon ancienne vie sont rompu.
J’ai l’impression de mener ma vie à coup de longue période de calme, et de rupture violente.
Cette rupture violente (nouvelles occupations, nouvel environnement, nouvelle ville), j’en avais besoin, je la réclamais depuis quelques mois. J’avais l’impression de végéter, de ne plus grandir (physiquement, je sais, ça n’a jamais était trop le cas). Je commencais a etre a l'étroit dans ma coloc de 75m².
Il y a 5 ans, alors que jusque-là j’avais cherché a rester à tout prix chez mes parents, me voilà piqué d’aller pendant 3 ans à plus de 1000 km de là, sans repères, dans un secteur culturel inconnu. Là encore, je sentais qu’il fallait que je change d’univers pour m’épanouir. Le risque était gros, mais la réussite au rendez-vous. Mon voyage en TGV, le mois de mes 20 ans, annoncait cette nouvelle étape de croissance mentale.
5 ans plus tard, et 200 km/h en mois, c’est cette phase qui se conclut. Car Paris fut la suite d’Avignon, avec des colocataires que je connaissais depuis 2 ans, et une vie réglée autour d’une surconsommation culturelle. Stage, mémoire, colocataires, voisins, cinemas, furent ces points d’ancrage qui ont fait de ces 3 ans une période stable, malgré les 11 colocataires et l’inactivité professionnelle. Il doit y avoir un peu de Kondratiev la dessous.
Aujourd’hui, je sens avoir nettoyé le passé (même si le parquet de la coloc reste a rénover), d’avoir achevé ce qui m’avait amené à Paris. Cette fin de cycle s’accompagne de l’éloignement de tout un groupe d’amis, qui eux aussi s’éloignent de l’estudianterie pour l’activité salariale. Les soirées ensemble deviendront plus rares, plus complexes.
Halloween et la Toussaint fêtent les morts. Cette semaine de vacances sera donc la transition entre l’ancienne et la nouvelle marche de l’escalier de la vie. Dans une semaine, dans un même Corail, je pourrais affronter l’idée qu’une nouvelle étape s’offre a moi. Je pourrais sereinement l’embrasser. Durera telle 1 an, 5 ans ou plus, je ne le sais pas encore. Je verrai au jour le jour.
Mais une chose est sûr : je passe ma vie dans le train. Face à la déclosion de mes droits à la carte 12-25, il va falloir que j'envisage d’épouser une cheminote...
Commentaires
mar., 18.10.2005 19:53
Linux dans l?administration : source d?efficacité
mar., 11.10.2005 21:36
La semaine prochaine je compat irais avec ta douleur Florent ... En attendant, bon courage à toi !
jeu., 06.10.2005 22:28
en voilà un billet de qualité Florent ! (comme la plupart de s billets de ce blog d'ailleur s) Je me suis vraiment f [...]
ven., 09.09.2005 19:38
Il faut donc bien un bac+5 (sa ns compter les anecdotiques a bonnement à Internet Haut Débi t, abonnement à un télép [...]
ven., 01.07.2005 17:12
Je ne connais pas ton controle ur, mais un déficit est un déc ifit. Il est relatif par rappr ot aux dettes étatiques, [...]
ven., 01.07.2005 10:58
Tout ça me fait bien penser à la solution qu'a trouvé Jean-C hristophe Ruffin dans "Globali a" : un revenu pour tous [...]
dim., 12.06.2005 18:31
Sur une idée originale de Flor ent, nous nous sommes fixés le challenge de repasser notre b ac de philo. Nous voici [...]
sam., 28.05.2005 23:05
Je prends ma plume pour vous é crire un mail relatif à l'éché ance du 29 mai. Je crois qu'on se pose tous beaucoup d [...]
jeu., 19.05.2005 00:32
Tout a fait d'accord avec toi sur le dernier film Flo. J'ai trouvé ça...plat, et la fin ét ait vraiment NAZE. le [...]
dim., 15.05.2005 22:45
photos du séjour sur http://fl orent.lajous.free.fr/Marseille
jeu., 28.04.2005 22:01
Ben la vraie vie passe avant t out, et je sais pas depuis com bien de temps ce blog existe, mais c'est normal qu'il [...]
sam., 16.04.2005 19:55
J'ai des passe-temps emcombran ts ces temps-ci Mais j'ess aye de remédier à cette absenc e, promis.
sam., 16.04.2005 15:26
moi j'ai l'impression que la f réquence des posts sur ce blog est de plus en plus étalée... mais que se passe-t-il [...]
lun., 04.04.2005 19:05
"Pourquoi l'arbitre de boxe po rte-t-il un noeud papillon ? « Parce que c'est l'élégant de b oxe.» Heu, au fait, ça f [...]
mer., 30.03.2005 10:38
Le pire est peut-être qu'ils n 'ont pas passé la caméra à un stagiaire cadreur mais à un ca dreur confirmé pour conf [...]